mardi 12 août 2014

Mr. Williams

Hier soir, en arrivant à la maison, alors que je faisais mes salutations habituelles à ma matriarche, mon père est venu violemment couper la conversation pour nous annoncer que Robin William était décédé. Au premier abord étonnée, je n'en aie pas tant fait de cas, tout le monde meurt de nos jours et les médias sociaux sont remplis de canulars. Puis, droguée que je suis, je me suis connectée sur facebook, histoire de perdre une fraction de mon précieux temps.  Overdose de publications à propos du défunt. Personne n'a encore eu confirmation de sa mort, on scande partout qu'il s’agit d'un suicide. Dans les heures qui aurons suivis ce drame intangible, des publications mémoriales, des compilations de ses meilleurs clips, sketchs et autres archives on fait surface. Cet après-midi, alors que j'écris ces lignes, la crise facebook s'est estompée, restes quelques publications ici et là mais rien de plus qu'avant sa mort. N'est-ce pas pathétique ? Tant d'émotions pour un seul homme, si intense mais de durée si courte ?
En toute honnêteté, je n'ai jamais été une très grande fan de l'homme, j'ai appréciée son oeuvre et son humour étant plus jeune mais sans plus. Ce ne sera, dans mon livre, qu'une autre mort qui aurai pu probablement être évitée mais qui, dans le cas ou il s'agis réellement d'un suicide, n'aura fait réagir les gens que trop tard.

La dépression est une maladie grave, un tueur silencieux. On tourne trop souvent les gens qui en sont atteint en ridicule, les traitants de paresseux, de bons à rien, de plaignards. Être la pour un dépressif est une tâche plus qu'ardue et on ne parle pas ici d'un engagement de deux semaines... parfois, il s'agis d'un contract à vie. Malades, on se retrouve rapidement seuls, on ne veut plus de personne et personne ne veut de nous non plus. C'est vraiment une maladie de merde. Je comprend la tristesse des gens devant un suicide, je ne comprend pas l'aveuglement des gens devant une personne souffrante.
Personne ne fait le choix d'être malheureux, il est clair que quelqu'un qui souffre de dépression n'est pas dans une situation confortable qu'il aura optimalement choisi.  Il faut être franchement malheureux et à bout de sa propre situation pour en venir à prendre sa propre vie.
C'est pathétique la vague de sympathie dont cet homme aura bénéficié, j'ose croire qu'il aurai eu plus besoin de ce support alors qu'il était encore vivant. Mais encore, du support électronique, immatériel, ça n'aide pas vraiment grand monde. Le contact humain c'est ce qui a de plus vrai. Prendre quelqu'un dans ses bras et lui dire sincèrement qu'on sera la pour lui et le tenir en étreinte le temps dont il a besoin, ça c'est la vraie affaire. Passer la nuit à jaser avec quelqu'un, juste l'écouter, sans juger, ça fait du bien pour vrai. Être là est une chose qu'on ne fait plus. On est là électroniquement mais entrer dans l'intimité de quelqu'un, c'est une chose trop difficile pour nous.
Aider réellement quelqu'un qui en a besoin, il n'y a rien de plus gratifiant, en plus, ça sauve des vies.

Il ne m'est pas difficile de croire que Mr. Williams se serai suicidé, ce ne serai pas le premier ''rempli de  joie de vivre'' qui en finira. On a tous un démon, un mal de vivre qui nous bouffe l'intérieur, certains de manière plus sérieuse que d'autres. On a tous nos moyens de l'endormir, d'essayer de l'empoisonner. Chose sûre, les hommes heureux ne sont pas nés.

Au lieu de s'en faire pour un inconnu disparu, pourquoi ne nous tournons nous pas vers ceux qui sont proches de nous. Ouvrons nos yeux sur leurs souffrances et apprenons à écouter leurs plaintes, tout le monde ne s'en portera que mieux.

La mort de millions d'individus est une statistique, la mort d'un seul, une tragédie.



J'ai survécu à la dépression mais j'y suis encore confrontée tous les jours, même presque dix ans après. Je gère mieux la solitude, sais reconnaître les symptômes et les traiter avant qu'ils ne deviennent trop importants. C'est une bataille de tous les jours pour une bonne santé mentale. Je sais que je suis forte mais comme tout le monde j'ai mes mauvaises journées et mes bonnes aussi. C'est une maladie sournoise et pénible mais on peut vivre avec, l'apprivoiser, la guérir.
Le temps arrange souvent les choses.

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