mardi 24 septembre 2013

Essai sur l'automne

Je me languis devant ce naissant automne. Frivole a l'attente du retour de ces teintes chaudes dont le futur est voué à caresser ma pessimiste vision. 
L'air, d'une odorante fraîcheur, m'ennivre et m'atteint. Il n'y a plus que le corps qui s'éveille, c'est une réelle pénétration profonde de l'âme. Si l'été réchauffe les corps, sa sueur et son ardente moiteur me laissent de glace. L'automne et ses couleurs n'allument et me réconfortent comme le feu dans l'âtre. 
Je peine à me retenir, je m'y brûlerais. 
Prémisse au glacial et bucolique hiver, cet automne sans le vouloir, moi qui déteste avoir des favoris, est bien ma saison de prédilection. 
Comme un séduisant étranger à la chevelure de feu, son odeur et son air candide sont prenant. Se perdre dans son étreinte, le regard plongé dans le sien m'y offrant les plus beaux paysages. 
D'un contraste vibrant, main dans la main, lui si torride et moi si  glaciale. 
Grand voyageur qu'il est, son retour, toujours tant attendu, revivifie mon existence aquatique. Si  son étreinte sensuelle, presque charnelle est brève, son souvenir lui, est toujours vif et affriolant. La seule idée de son soudain départ me glace le sang, je m'efforce à chaque fois d'annihiler la pensée de celle-ci. Me disant à chaque fois, comme une blessée naïve, que ce doux moment rempli de promesses est cette fois-ci là pour rester. 
Enlacée dans sa fraîcheur saisonale, je me laisse momentanément aller au bonheur, pendant de brefs instants, je ressent enfin ce dont tous ces gens se vantent, il existe bel et bien.  Toujours plus beau à chaque année, il ne cesse de me surprendre par ses couleurs, ses parfums. Comme un amant attentionné il me démontrés monts et merveilles, me faisant presque croire qu'il n'est la que pour moi. Pareil à l'homme, il se fait beau, veut séduire mais sa beauté s'essouffle avec le temps. La bise glacée vient repousser sa beauté, dénude sa peau et laisse place à la casanière hiver. Les arbres dénudés jusqu'à la dernière feuille laissent un spectacle morbide et désolant. Celui que j'ai tant aimée repart comme il est arrivée, dans une grande bourrasque. Me laissant derrière, vidé, sans espoir de son retour. Je peine l'hiver  durant, espérant son retour flamboyant. 
Reviens moi vite... Je ne saurai t'attendre. 

Récit de vacances: Fundy juillet 2013 jour 7

13 juillet 2013 
Samedi 

La matinée fut plutôt tranquille, la nuit fut moins longue que je l'avais appréhendée. Ma mère me réveille, se demandant bien pourquoi j'avais eu la sordide idée de dormir la tente ouverte. Nous allons prendre une douche, j'ignore encore s'il s'agit d'un signe positif mais je dois dire qu'il s'agit de la première fois de tout le voyage que je perçoit une légère odeur de javel. La douche est chaude mais le pommeau semble avoir besoin d'être remplacé. Une autre preuve que rien n'est parfait et que mon confort occidental à atteint des niveaux inégalés. Séchage rapide et maquillage, je tente de me frayer une place entre une mère refusant de vieillir et sa fille qui doivent représenter au moins 30% du chiffre d'affaire annuel de covergirl. Tout en appliquant un léger hydratant mon eye-liner  et une touche de mascara je me dis qu'il est ironique de leurs part de tenter d'avoir l'air plus jolies alors que tout ce que l'ont aperçois d'elle  est une grosse croute faciale et des décolletés trop révélateurs. 
De retour au campement nous démontons le tout et après un court concensus, nous déterminons qu'il s'agissait bel et vie  du dernier voyage de la petite tente qui m'avais faillis durant la nuit. La toile rouge et bleue pris donc la direction des vidanges, mon père étant trop conservateur pour se risquer a tester si réellement un tente brûle aussi rapidement que la rumeur le dit.  Comme nous ne mangions rien sur ce campement, il n'y avais que les tentes à ranger, le tout fut plutôt rapide.
Grand classique de nos voyages familiaux, nous allons nous taper un petit-déjeuner chez Normandin. Un œuf accompagné de bacon, ce resto me rend toujours heureuse j'ignore pourquoi. Pour la première fois du voyage, mon père me laisse prendre la facture pour tout le monde. 
De retour sur la route nous nous dirigeons vers le 3945 rue Marlène pour une rapide visite chez les parents de Léonie, mes grands-parents maternels. Ce moment me rend nerveuse, nous verrons bien ce que cela donnera. 

...

La visite fut plutôt agréable, étrange comme toujours mais agréable. Mon plus jeune frère se refuse violemment à leurs rendre visite pour des raisons qui sont les siennes, mon père qui n'est pas le bienvenu pour des raisons obscures l'amène au cinéma. Les deux hommes  partent paisiblement  me laissant comme une boule inconfortable dans l'estomac.  
Comme à l'habitude la conversation est de surface, lourde, remplie de non-dis désagréables que l'ont se refuse a régler, que du "small-talk". Chacun son tour pour avoir la parole, personne ne semble réellement s'écouter, on se répond en changeant de sujet. Mon oncle, surexité d'avoir de la compagnie, nous raconte l'essentiel de son épuisant  et monotone quotidien. Ma grand-mère n'a que de l'eau plate accompagnée d'oxygène à nous offrir, nous la dérangeons clairement dans sa routine tout aussi tranquille que celle de son fils. Qu'importe nous ne sommes pas tous Bourges comme ma personne, des êtres en constant besoin d'épater la galerie. Les interactions vont bon trains ( je me refuse à qualifier la situation de "conversation"), mon frère plus âgé joue des airs de guitare classique, au plus grand plaisir de mon grand-père qui malgré son oreille musicale à cessé de  jouer il y a plus de 20 ans, le bruit importunais ma grand-mère. Le surplus d'eau plate me cause une naturelle envie d'uriner, je me dirige vers la salle-de-bain, me traînant un peut les pieds pour éviter de rater quoi que ce soit du décors intérieur particulier. 
Visiter ma grand-mère me confronte toujours à mes propres démons génétiques, ce toc contre lequel je me bats quotidiennement. La maison est d'une grandeur disons moyenne, un petit bungalow dans cette banlieue désormais surdéveloppée de Québec. Faut croire que les fous se multiplient, je ne saisi pas encore que des te se veuillent habiter ce quartier. Les étagères, comptoirs, tables sont couverts de beaux objets, en fait, la maison contient tellement de ces dis objets qu'il serait facilemen possible de fournir au moins 5 boutiques cadeaux de toutes ces babioles. Petite fille, je me souviens, la maison était encore fonctionnelle, il y avais de l'espace au minimum pour marcher, s'asseoir autour de la table pour partager un repas, le plus souvent des pogos. La maladie s'aggravant avec le temps, l'endroit est désormais impratiquable, il est difficile du circuler sans craindre de briser un quelconque objet. L'air y est lourd, la poussière y est cultivée.
Que des beaux objets.
Connaître ma grand-mère m'aura été bénéfique dans l'optique ou un fou qui se sait fou l'est certainement moins que celui qui s'ignore. Bien que mon constant déplacement d'objets dans notre demeure dérange mon copain, cette action empêche l'accumulation et la vie pathologique difficile qui l'accompagne. Tromper cette folie en lui faisant croire que de nouveaux objets ont fait leur entrée dans l'espace alors qu'il n'en est rien, il d'avis tout de même d'une excellente ruse. 
La salle-de-bain aussi est encombrée, un peut moins que le reste. Je me prend a fouiner, surtout du regard, les choses on peut bougées depuis mon enfance. Je croyais les choses relativement sous contrôle jusqu'à ce que je descende dans le fouillis qui leurs sert de sous-sol. Si le rez-de-chaussée est placé dans un souci d'esthétisme, le sous sol lui est un véritable bordel. La chambre dans laquelle je jouais jadis à la barbie est devenu un débarras comme tout le reste, impossible même d'y mettre le pied. Ma grand-mer apparue de nulle part m'amène dans le bureau un me montre le bouquet que je lui avais offerte plus d'un an auparavant. Séché, recomposé, il trônais au centre du amas d'autre bouquets plus vieux et toujours aussi poussièreux. J'aurais du m'en douter, elle est incapable de jeter quelque chose de beau.  J'ai remarqué que malgré l'envahissement de son study, mon grand-père avais tout de même réussi à garder le peu d'espace qui lui appartiens fonctionnel. L'espérance d'une capacité de Jolin a me tenir tête me viens a l'esprit.  Je souhaite du plus profond de mon âme (si je puis prétendre en posséder une) qu'il soit capable de m'empêcher de devenir de la sorte, ne serais ce que pour son confort individuel. 
Être passif et l'encourager, la supporter dans sa maladie aura probablement été la pire erreur de mon grand-père. Il aura creusé et c'est le cas de le dire, sa propre catacombe.
Enfin bref, j'ai toujours aimée cette maison, son magnifique et étendu terrain est comme un oasis de verdure au milieu de cette banlieue aseptisée. La propriété est bâtie sur trois terrains fusionnés sur lesquels on a avec les années, laissé verdir une véritable forêt. Aucune pelouse en vue, que de magnifiques plantes tout partout. Malgré la lourdeur de l'air ambiant à l'intérieur, il fait frais alors que l'extérieur est étouffant. Ma contemplation naturelle prend abruptement fin lorsque mon plus jeune frère viens discrètement nous chercher dans la cour arrière, évitant de croiser le regard du reste de cette famille qu'il ne semble pas considérer la sienne, il regagne rapidement la voiture. Les aurevoirs sont rapides et tout aussi insipides que le reste de la conversation, les étreintes sont distantes, froides comme tous les non-dis qui le resterons une fois de plus. 
Nous quittons comme nous sommes arrivés, laissant mon oncle prisonnier, tout aussi malade que sa propre mère, s'éloigner au loin. 
S'en suis comme toujours sur la route vers Montréal, une longue discution sur les deux familles, notre héritage génétique, la nostalgie des chicanes marquantes du passé.
Le fait de devenir adulte est assez étrange, soudainement comme une épiphanies, nous comprenons toutes ces choses jadis floues et en apprenons beaucoup sur certaines situations que nous aurions préféré garder dans l'ignorance. Je me console en me disant qu'il n'y a pas de récit de meurtre dans mon histoire familiale récente.
Nous roulons tranquillement vers notre banlieue de moyenne-classe sans nous arrêter. Une fois a bon port nous déchargeons la voiture et nous empressons d'aller décanter à l'intérieur. 
Jolin  bien nous rejoindre plus tard ainsi que Nina la copine de Francisco. Jolin a faim, pauvre homme, je l'ai laissé à lui même toute une semaine. Nous nous empressons d'aller acquérir une pizza et mangeons en famille élargie, comme des affamés. 

La fatigue se fait sentir et malgré ma sieste mobile plus tôt, mon lit me manque cruellement. Jolin est satisfait de son castor. Nous prenons tranquillement la route vers notre petit appartement. La chaleur est écrasante, les froides maritimes me manquent soudainement énormément. Malgré l'odeur de poisson qui y règne, la température plus clémente est attrayante.

Je constate que mes vacances sont bel et bien terminées, le sommeil dans cette chaleur est difficile a trouver.
Le retour au quotidien, au travail, aux mauvaises nouvelles et à la sournoise puanteur de la banlieue. Malgré cette dernière journée un peut maussade, les vacances furent un franc succès. Les visites chez me grand-parents maternels me laissent malheureusement toujours un goût amer en bouche. 

N.B. Il y a longtemps que je t'aime, jamais je ne t'oublierais....