mardi 20 novembre 2012

Extrait du cahier picasso: Mercredi 3 octobre

Mercredi 3 octobre

Un matin gris, une douce brume épaissi l'air, brouille la vue. Les arbres dégarnis, jaunis, rougis donnent a la scène un air romantique un peut macabre.
Comme tous ces matins a la même heure, je me dois de marcher d'un bon pas afin d'attraper ce seul autobus qui pourra me mener au travail. Quel dommage de ne pas pouvoir profiter de l'effet apaisant que ce lourd atmosphère procure a mes poumons ainsi qu'a mon esprit. Mes pas résonnent sur les maisons avoisinantes, collées, entassées comme s'il était si essentiel de loger autant de gens sur le même tronçon. Quelques respirations, un moment d'attente et une grosse baleine arrivant, tranquillement pour me mener la ou j'ai besoin de me rendre. Un bonjour aimable comme toujours et la quête d'une place libre. Les bruyants adolescents comprimés les uns contre les autres comme toujours a l'arrière, trop occupés a échanger leurs fluides et a beugler leurs idiolectes. Les travailleurs cordés et assieds par ordre d'entrée, le visage gris et le regard vide, il est encore trop tôt pour la bonne humeur. Une petite place libre tout a l'avant, d'ordinaire, en l'absence de pubères, je cherche l’arrière du véhicule. Avoir une vision périphérique ainsi que la proximité de la sortie sont généralement des choses qui me plaisent.
Ce matin, ma curiosité aura dépassée mon besoin de sécurité.
Je reculai et m'assied directement devant cette dame que je croise bien malgré moi tous mes matins de labeurs. Son air hautain et ses rides naissantes accentuent son amusante moue de mépris et de dédain que je m'amuse a copier tous ces matins. Je m'était toujours refusée a croire la conductrice lorsqu'elle m'exprimais doucereusement son inconfort face aux commentaires souvent incisifs de la dame en question par rapport a son respect de l'horaire (qu'en passant elle respecte a la lettre). Je me disais que la conductrice aimais la conversation mais je n'avais jamais vu la situation aussi dure qu'elle l'était réellement.
En fait, la dame que j'aurais pu qualifier d'impatiente légendaire, semblais se faire un malin plaisir a regarder sa montre d'un air inquiet et de laisser échapper au passage quelques commentaires sur son inconfort. J'ai pendant un instant cru qu'elle allais se tuer d'une asphyxie a force de s'astreindre a soupirer bruyamment de la sorte.  Désormais, tout de cette femme m'était devenu désagréable, surtout sa manière maladroite de faire semblant de cacher tous le mépris et le jugement que quiconque pouvais lire sur son visage en grosses lettres noires. A chaque fois qu'une femme se devais de passer devant elle, ce qui se passa assez souvent vu la place qu'elle occupais (directement a coté de la porte) elle ne manquais pas de rouler violemment les yeux ou encore de pousser un soupir que je croyais a chaque fois être son dernier. Assise devant elle, ce qui semblais énormément la déranger, je l'observais, un rictus ridicule que je ne pouvais effacer de mon visage bien collé a mes lèvres. Ma bonne humeur semblant l'importuner, elle détournais âprement le regard a chaque fois qu'elle croisais le mien.

Son aura de mauvaise humeur m'était extrêmement divertissante compte tenu de l'absurdité de son comportement.

Je me suis dite que si arriver pile a l'heure était si capital pour elle, elle aurais du penser et prévoir son transport selon ses besoins, moins tardivement. Par contre dans le cas ou elle pourrais suivre ce conseil, son public indifférent ne serais plus le même et ainsi, elle aurais le besoin de trouver une autre raison d’être de mauvais poil.

Cette femme, depuis bientôt 6 mois m'attriste, me fâche et m'amuse énormément a la fois... j'aimerais parfois bien entendre ce qu'ils se passe dans sa tête ! 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire