lundi 24 septembre 2012

Histoire de rose

Elle était la se tenant devant ce monde incongru, une rose a la main. Cette dernière représentant très certainement l'ultime douceur que la vie pouvais bien lui offrir. Cette rose aux pétales si douces, d'un blanc si pur et elle d'un gris si triste. Le malheur la rongeait de l'intérieur, se nourrissant, absorbant sa vie cellule par cellule. Celui qui lui avait offerte était depuis maintenant longtemps, parti au loin. La laissant seule devant se désespoir, se complaisant dans son égoïsme. Maintenant qu'il n'y avais plus personne qui a part elle aurais bien pu lui en vouloir ? Elle était beaucoup trop épuisée pour ressentir quoi que ce soit. Face a la situation d'un drame grandissant elle avait depuis des mois cessée de pleurer. Plus personne pour la conforter, que cette rose qui ne voulait se faner et quelques souvenirs flous pour lui rappeler qu'elle était toujours en vie. Trop faible pour fumer elle entamais ses journées par une promenade près du fleuve. Ce grand fleuve tout aussi gris qu'elle. Doucement poussée par l'infirmière au visage effacé elle regrettais cette époque ou elle aurais eu la force de se jeter dans le torrent pour y disparaitre. Tout ce temps elle avais su ignorer ce que le bon médecin lui avais dis, lui qu'elle croyais un charlatan avais bien eu raison, elle se devais de l'admettre. Sa respiration était lente, presque 'imperceptible, a un point tel ou l'infirmière un peut mesquine, lui demandais souvent quand elle cesserait.

Elle avais toujours été belle, de son plus jeune age elle avait été une enfant magnifique et avais grandis pour devenir une femme des plus fines. Jamais trop grande, jamais trop mince, ses cheveux jadis d'un roux écarlate flottant légèrement sur ses épaules. Elle était belle. Auparavant, sa vie était simple, elle peignais, aimais et dansais, ramassant le peut d'argent qu'il lui fallais pour vivre en vendant ses toiles au plus offrant. La simplicité de son existence se résumais aux petites choses, elle était heureuse. Puis la noirceur vint la prendre et l'emporta dans son tourment. Souvent, elle s'était demandée ce qu'elle avait fait pour mériter tant de douleur, elle n'en aura jamais la réponse.

Après la promenade, on l'emmenais en salle a manger avec les autres amochés, lui faire ingurgiter un peut de nourriture pour qu'elle puisse survivre encore quelques heures. Il y avais longtemps qu'on ne lui disais plus ce qu'elle mangeais, de toute façons tout goutait et avais désormais la même consistance. Le repas était un moment humiliant, les gardes, bien obligée, se devaient d'observer les patients, s'assurer qu'ils se nourrissaient. Elle se sentais comme un bambin, bien malgré elle et toutefois sans les avantages; elle n'avais plus sa naiveté d'enfant. Une fois le gavage complété, on la plaçais devant une grande baie vitrée qui donnais une vue imprenable sur ce grand fleuve gris. Accoudée a une table trop grande pour elle on lui apportais son petit cahier de cuir brun et le plus souvent on lui fournissait une plume. Malgré la douleur grandissante qui l'accablais, elle arrivais parfois a écrire quelques lignes. De son cerveau détérioré, il lui arrivais parfois d'arriver a extirper de brefs moments de lumière qu'elle arrivais a étaler quasi-intégralement sur son papier jauni. Elle pouvais passer des heures a regarder le fleuve, sa rose près d'elle. Il avais plu tout les jours depuis son entrée dans l’unité, pas une journée n'avais passée sans que son corps ne s'en ressente. La pluie tombais brouillant sa vue. Seule dans sa douleur, elle souffrais cependant d'un mal plus grand. Plusieurs essayèrent de l'accompagner, sans grand succès, elle se refusait de mourir. N'osant plus croire a une guérison, ils finirent tous par l'un après l'autre l'abandonner, la laissant seule avec son lourd fardeau. Sa belle chevelure rousse depuis longtemps disparue, remplacé par un grand foulard de velours d'un vert émeraude. Son corps amaigris, si faible qu'il pouvais a peine se soutenir lui même avais pris la place de ces rondes hanches et de cette poitrine si pulpeuse qui avait fait envie a tant de femmes. Elle avais fait retirer les miroir de sa petite chambre, se refusant a se voir si amaigrie, les joues creuses. Depuis peut son travail si acharné avait bel et bien porté fruit, elle était tombée dans l'anonymat. La vue de ce grand fleuve soutenais cette impression de solitude. S'il n'y avais pas eu les autres patients, elle aurais triomphé. Après de longues heures de méditations forcées on la ramenais a la salle a manger pour le deuxième gavage de la journée. L'atmosphère de cette pièce était si lourde, elle ne comprenais pas comment les gardes pouvaient arriver a garder le sourire dans un tel espace. Un silence de mort régnais, on ne pouvais entendre que le son des mastications pâteuses des autres humains qui essayaient, tant bien que mal, de survivre encore un peut. Une fois le repas terminé, on la ramenais a contrecœur a sa petite chambre pour parfois lui donner son bain parfois seulement l'aider a faire sa toilette. Peut de temps après, l'infirmière, souvent pressée la déposais sur son lit, la bordais et disparaissait tout aussi vite qu'elle était arrivée. Elle détestait chacune des positions dans lesquelles elle se faisait placer et pendant une bonne heure chaque soir elle tentais périlleusement de se retourner de coté, le gauche, celui qui lui faisait le moins mal. Une fois réussie elle pouvais observer, dans la pénombre le grand vase posé sur une petite table au coin de la pièce. Ce grand vase était rempli de plusieurs roses, fanée puis desséchés, offertes par ses nombreux amants passés. Gage de sa vie antérieure, preuve qu'elle avais un jour été quelqu’un pour quelqu’un d'autre. Sa rose blanche dans son petit vase commençais bien malgré elle a dépérir, comme sa propriétaire, elle s'était ternie. Elle se mise a pleurer, cette rose, réalisa telle, était bien la dernière qu'un homme pouvais lui apporter. Le dernier de ses amants, probablement le plus amoureux avait levé les voiles depuis qu'il lui avais offerte. Et elle ne ressentait plus rien pour lui. Quelle tristesse que cette dernière ne veule a ce point rien dire.
Elle pleura en silence, ne voulant pas attirer l'attention sur son désespoir, a quoi bon consoler une mourante? Elle aurais souhaitée que la mort vienne la chercher, qu'elle en finisse avec sa fourbe torture mais elle attendis en vain les yeux ouverts figés sur cet amour en train d'expirer. Elle espérais que ce jour prochain ne se lève pas, qu'ils soit enfin son dernier. Malgré tout les palliatifs qu'on lui injectais, elle sentais toujours ce mal qui grandissais de jours en jours. Elle n'était plus qu'un corps mort, incapable de bouger, de se nourrir, elle attendais, torturée par la vue de ses autres semblables. Ayant tentée de garder intacte l'image qu'elle avais de sa personne, elle savais trop bien qu'il n'en était plus rien.
...
La porte s’ouvri, de par la lumière qui provenais du couloir, elle put entrevoir une silhouette d'homme. Il referma la porte derrière lui et alluma une chandelle qu'il porta a son chevet. Elle vit de sa vue trouble qu'il était beau. Il retira son grand sarrau blanc et vin s'asseoir a ses cotés. Elle le reconnu, c'était lui qu'elle voyais passer tous les jours devant sa grande table, lui qu'elle voyais toutes les semaines pour se faire reculer l'expiration, n'était-il pas trop tôt pour l'examen semainier? Elle n'avais plus la notion du temps. Il lui caressa le visage, son regard était doux. Toute frêle il la pris dans ses bras et l’enlaça confortablement. Elle était au chaud, pendant un instant elle se sentis heureuse. Collée contre sa poitrine elle pouvais entendre le battement langoureux de ce grand homme qu'elle connaissait a peine. Il lui retira le grand foulard qu'elle avais sur la tête et lui embrassa amoureusement le front. Il plongea sa main dans sa poche et en ressorti une petite seringue remplis d'un liquide dont elle n'aurais jamais pu connaitre la nature, même si elle l'aurais voulu. Pendant un instant il la regarda intensément, pénétrée par ce regard ardent elle se sentie amante a nouveau. Trop faible pour faire quoi que ce soit elle resta figée, se noyant dans cet océan vert qu'était le regard de son amant, elle avait échappée au fleuve gris, ayant trouvée plus vaste pour s'apaiser. Il se pencha sur elle l'embrassa dans le cou. Elle senti une douloureuse piqure de l'autre coté de sa gorge suivi par une chaleur intense. Elle senti qu'il la serrais de plus en plus fort, elle se sentis faible, plus faible, ses paupières étaient lourdes. Elle ouvris les yeux et a la lueur de la chandelle, vis les siens remplis de larmes. Il lui aura fallu jusqu’à sa mort pour être enfin témoins de ce miracle de la nature; un homme pleurant. Voyant cet homme dont elle ignorais le nom bouleversé de la sorte, elle se demanda si c'était enfin son heure. Son cœur se serra a la seule pensée qu'un homme qu'elle connaissait a peine pouvait l'aimer d'un amour si pur qu'il  la libérerais  de son mal. Sa vue s'embrouilla, elle n'y voyais presque rien, entendant le cœur de son amant elle se sentie en sécurité, elle pouvais partir en paix. Il lui caressa doucement la joue elle gouta son souffle près de sa bouche. Plus aucun de ses membres ne lui appartenais, elle était lourde. Complètement aveugle elle eut la conviction qu'elle allais bientôt s'éteindre. Lentement il l'embrassa, elle apprécia ses lèvres brulantes sur les siennes et su que ce baiser était le dernier. Elle s'éteint dans les bras du jeune médecin au regard amoureux. Au petit matin l'infirmière d'habitude si rude, versa une seule larme qu'elle se garda bien de montrer aux autres. On la porta a la morgue, la lava et l'habilla d'une de ses plus belles robes, désormais trop grande pour elle. Comme plus personne n'y était pour se soucier de sa disparition, ce fut le jeune médecin qui la porta en terre. Elle fut enterrée près du fleuve, en retrait des autres pensionnaires. Une fois les simples funérailles terminées et que tous le monde se fut retiré, le jeune médecin, a l’abri des regards indiscrets se pencha sur la sépulture et doucereusement y déposa une rose blanche. Ce fut bel et bien la dernière, mais offerte d'une main si amoureuse qu'elle en effaça toutes les autres. L'amour lui, n'était pas mort.

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